Une personne (ou un ménage) est considérée comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté qui était de 1 097 € mensuels en 2019. La proportion des personnes (ou des ménages) vivant en dessous de ce seuil est appelé le taux de pauvreté.

Le niveau de vie des ménages est le revenu disponible[1] divisé par le nombre d’unité de consommation (UC)[2]. Le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du niveau de vie médian de la population vivant en France métropolitaine.

Le taux moyen de pauvreté des Hauts-de-Seine cache des taux de pauvreté par commune qui varient entre 5 % (Vaucresson) et 27 % (Gennevilliers). La pauvreté est très forte dans certaines communes. Ces écarts traduisent des fractures territoriales entre le nord et le sud du département qu’on pourrait voir aussi à l’échelle infra communale. Six communes du nord auxquelles on peut joindre une commune du sud, Bagneux, sont particulièrement touchées par la pauvreté. Ces sept communes qui représentent un peu plus du quart des Altoséquanais (27 %) comptent près de la moitié des personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté (environ 45 %) ou autrement dit, le taux de pauvreté de l’ensemble de ces sept communes (20 %) est plus du double de celui des autres communes réunies (8,8 %).

Le taux de pauvreté dans les Hauts-de-Seine est un des plus faibles des départements d’Ile-de-France devant celui de la Seine-et-Marne et des Yvelines. En moyenne, le niveau de vie médian (2 359 € par mois) dans les Hauts-de seine est le deuxième plus élevé de tous les départements franciliens, juste derrière Paris. Le premier décile de niveau de vie[3] s’élève quant à lui à 1 024 € par mois. Ceci cache de grandes disparités. A Gennevilliers, une des communes les plus pauvres du département, le premier décile de niveau de vie se situe à 776 € et, sans les prestations sociales, il est de 358 € par mois.  Ainsi, dans le département, les communes les plus pauvres sont confrontées à des situations de grande pauvreté.

A travers la série des taux de pauvreté publiés par l’Insee sur les dix dernières années, on voit que la pauvreté a augmenté.

Tableau des taux de pauvreté 2010, 2015 et 2019 par département

Département 2010 2015 2019
75-Paris 14.4 16.2 15
92-Hauts-de-Seine 10.6 12.4 11.9
93- Seine-Saint-Denis 24.1 29.0 27.9
94- Val-de-Marne 13.7 16.8 16.6
77- Seine-et-Marne 10.1 11.8 11.7
78- Yvelines 8 9.7 9.9
91-Essones 10.1 12.9 13.3
95 -Val-d’Oise 13.9 17.1 17
Ile-de-France 12.6 15.9 15.5
France métropolitaine 14.1 14.9 14.5

 

Ces évolutions du taux de pauvreté doivent être interprétées avec prudence.  Le niveau du seuil de pauvreté évolue en effet avec le temps. En particulier, si la situation d’une grande partie de la population se dégrade, les revenus diminuent globalement. Dans ce cas le revenu médian diminue, le seuil de pauvreté aussi, et à niveau de vie égal, une partie de ceux qui étaient considérés pauvres avant ne le sont plus.

Récemment l’INSEE dans un blog faisait état d’une probable stabilité du taux de pauvreté en 2020. En effet  pour beaucoup de ménages, les revenus ont été maintenus avec le temps partiel et la politique du « quoi qu’il en coûte »  D’abord, le dispositif d’activité partielle a permis de limiter les destructions d’emplois et de compenser partiellement, voire totalement, les pertes de salaire des personnes ayant souffert d’une réduction de leur activité durant la crise sanitaire.

Ensuite, le système de prestations sociales a joué un rôle important dans la lutte contre la pauvreté. Rappelons qu’ont été versées des allocations exceptionnelles en juin et novembre 2020 que ce soit aux ménages  bénéficiant du RSA ou de l’AAH ou encore bénéficiaires des aides au logement et également pour certains  jeunes de moins de 25 ans . Mais  cette mesure de l’INSEE ne prend pas en compte les personnes vivant en communautés (maisons de retraites, prisons, résidences étudiantes par exemple) et les personnes sans domicile.

Elle est une approche purement monétaire et statistique : d’une part les moyennes cachent de grandes disparités et l’approche monétaire ne rend pas compte des difficultés rencontrées dans les conditions de vie.

Si nous revenons sur l’année 2020 dans les Hauts de Seine, les chiffres dont nous disposons avec leurs limites vont dans le même sens à savoir une stabilité du taux de pauvreté depuis  plusieurs années et les chiffres Caf font apparaître une légère croissance des allocataires à bas-revenus pour l’année 2020, une montée de l’isolement, une croissance des bénéficiaires du RSA (+11%), une croissance des aides au logement pour les personnes logées dans le parc privé….

Mais l’année 2020 s’est aussi traduite par des conditions de vie plus difficiles : un confinement dans des logements petits et inconfortables, un recours accru aux aides alimentaires, des ménages pénalisés pour le télétravail ou l’accompagnement scolaire faute d’accès internet.

En définitive,  la crise sanitaire a mis en évidence  l’existence  de populations très pauvres, exclues de droits sociaux ou dépendant totalement des prestations versées.

 

[1] Prenant en compte, les revenus d’activités (nets des cotisations sociales), les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d’autres ménages et les prestations sociales reçues, et nets des impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, CSG, CRDS, prélèvements sur les revenus du patrimoine). La statistique sur les revenus disponibles ne prend pas en compte les personnes hors logement ordinaire (sans domicile, en institution,….) dont on ne connaît pas le nombre.e

[2] Les unités de consommation sont calculées selon une échelle qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans. Le niveau de vie des ménages prend ainsi en compte la composition des ménages et est, par conséquent, le même pour tous les individus d’un même ménage.

[3] Le premier décile de niveau de vie est le niveau de vie maximal des 10% des ménages les plus pauvres. Le 9e décile est le niveau de vie minimal des 10% les plus riches.