Il y a un an le Groupe Logement Français organisait une journée de débat pour réfléchir aux conséquences du développement de la précarité pour les bailleurs sociaux. Les actes de ce colloque viennent d’être mis en ligne.

Il a été rappelé que le logement social était à l’origine destiné principalement à la classe ouvrière et aux classes moyennes jeunes. Aujourd’hui, il a l’image de loger surtout les pauvres, les immigrés.

Il faut faire la part des choses : comme le montrent les données de l’OPML92, une part importante des familles à bas revenus n’habite pas dans un logement social. Il lui est parfois plus facile d’entrer dans un logement privé car il n’y a pas de commission d’attribution et les critères d’occupation ne sont pas du tout les mêmes. Mais leurs conditions de logement sont moins bonnes et les loyers qu’ils acquittent beaucoup plus élevés.

En dix ans, les caractéristiques des locataires du parc social ont évolué : on observe un vieillissement des résidents (près du tiers ont aujourd’hui plus de 60 ans), un nombre croissant de personnes seules qui vivent parfois dans une grande solitude, un plus grand nombre de familles monoparentales et un recul du nombre de locataires bénéficiant d’un emploi en CDI . Ces évolutions marquent une plus grande vulnérabilité des locataires.

Ainsi, le logement social devient le support des politiques sociales et les bailleurs sociaux sont appelés de plus en plus à travailler avec des partenaires du monde social, médico-social et économique, en intégrant de nouvelles compétences et en faisant de l’innovation sociale.

Les bailleurs sociaux ont esquissé des pistes pour mieux prendre en charge cette précarisation croissante,:

  • mieux connaître les locataires et la diversité de leurs problématiques,

  • mieux distinguer les métiers de ceux qui interviennent de l’intérieur ou de l’extérieur : conseillers sociaux, gardiens, psychiatres, accompagnants de publics en difficulté…

  • affirmer le rôle social du logement social et le faire reconnaître,

  • agir en réseau localement avec les associations, les pouvoirs publics et entre services sociaux.

Ces propositions pour accueillir et maintenir les plus précaires dans le logement social renvoient à la question du modèle du logement social de demain : Comment construire plus, moins cher, baisser les loyers, faire face aux impayés, maintenir la mixité … ?

Là encore quelques pistes sont données :

  • proposer des logements adaptés : poser la question du low cost, du logement individuel,

  • expérimenter des loyers glissants,

  • relancer la mobilité pour libérer des logements tout en veillant au maintien de la mixité,

  • dédramatiser la précarité,

  • prendre en compte la question de la précarité dans l’aménagement,

  • agir localement pour que les bailleurs soient parties prenantes dans les projets urbains locaux,

  • faire de la place aux initiatives locales.

En conclusion, il a été relevé qu’à la montée de la précarité s’ajoutent une réforme de la gouvernance territoriale d’envergure et une crise financière avec le désengagement de l’Etat. Et que pour répondre à ces transformations, il convient de faire appel à des solutions multiples, sur la base d’expérimentations, et en fonction des prises de position des décideurs locaux.

Un des intervenants a ainsi pu souligner que le sujet n’était pas tellement d’abriter la précarité mais de faire vivre une société avec la précarité.