La Fondation Abbé Pierre commence la publication de rapports sur l’état du mal-logement dans chaque région. Nous avons déjà mentionné celui produit pour l’Ile-de-France en octobre 2015 . Le rapport publié sur Rhône-Alpes permet d’apporter quelques constats et éclairages :

  • les difficultés à apporter des solutions aux ménages mal-logés :

Sur la Métropole de Lyon, 9 153 demandes d’hébergement ont été recensées au premier semestre 2015, seules 2 254 ont pu être satisfaites.

Plus grave encore, 391 personnes seulement sont sorties de l’hébergement vers un logement ordinaire sur la même période. Et ceci après un séjour moyen de 500 jours (près d’un an et demi !) en CHRS ou en hôtel et de 838 jours (deux ans et 3 mois !) hors CHRS.

Ceci montre la rareté de l’offre « ordinaire » et interroge aussi sur les dispositifs d’accès et le mode de gestion de cette rareté :

Que signifie en effet l’hébergement d’urgence quand on y reste plus d’1 ou 2 ans ?

  • L’insuffisance de construction de logements sociaux:

Un logement social financé n’est pas un logement livré : et il est difficilement admissible que la part des logements livrés reste durablement inférieur de 20 ou 25 % au nombre des logements financés. On note qu’ il y a de moins en moins de logements très sociaux.

Par ailleurs, pour mesurer l’évolution du parc de logements sociaux, il faut soustraire les logements (de l’ordre de 3 000 chaque année) qui sortent du parc social par l’effet des démolitions et des ventes.

Au total, si plus de 12 000 logements sociaux sont « financés » en Rhône-Alpes chaque année, le parc social ne s’accroît lui que d’environ 6 000 logements.

  • Le parc privé ne contribue plus au logement locatif social:

Le nombre de logements privés nouvellement conventionnés à loyers modérés s’est effondré au cours des dix dernières années.

Pour la France entière, il est passé de près de 40 000 à moins de 5 000 par an, soit à peine quelques centaines en Rhône-Alpes.

Ce rapport de la FAP fait aussi un zoom sur la question des expulsions en montrant que les impayés et les expulsions locatives sont en constante progression.

Il rappelle que :

  •  « 98 % des décisions d’expulsion en Rhône-Alpes concernent des impayés de loyer » ;
  • -« Plus de 60% des décisions rendues par les tribunaux prononcent l’expulsion sans octroi de délais et -dans un cas sur quatre- sans même que le ménage jugé ait comparu ou ait été représenté ».

Il met aussi en lumière les situations d’engrenage qui conduisent à la formation d’impayés, notamment à travers une analyse documentée des budgets des ménages concernés.