La Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS) a tenu l’Acte 1 de son Congrès national les 6 et 7 janvier 2022[1]. A cette occasion et à 100 jours de l’élection présidentielle, elle a souhaité interroger les candidats sur leurs positions par rapport à la solidarité et la lutte contre « l’enracinement » de la pauvreté[2].

 

L’acte 1 du congrès a réuni le Président Emmanuel Macron, les candidats et candidates à l’élection présidentielle, des acteurs associatifs de la solidarité, des chercheurs et Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT pour partager leurs visions, analyses et propositions. Tous reconnaissent que la lutte contre « l’enracinement » de la pauvreté, nomment chez les jeunes et les familles monoparentales, est une nécessité impérieuse. En effet, si très souvent on tombe vite dans la pauvreté, on en sort en général lentement. Et le quotidien de ces personnes très fragilisées est aggravé par le regard souvent méprisant de la société et les violences gratuites qu’elles risquent de subir. D’où le rappel de deux fondamentaux de la solidarité : l’inconditionnalité de l’accueil et le respect de la dignité de la personne.

 

La pandémie a accentué les phénomènes de pauvreté et d’exclusion et un quart des Français a connu une période de précarité au cours des trois dernières années. Les plus touchés ont été les jeunes de 25-34 ans puisque 38 % d’entre eux ont connu une telle période. Il n’est donc pas étonnant qu’un Français sur deux (51 %) notamment dans les tranches d’âge actives et surtout parmi les plus jeunes (69 % des 18-24 ans) craigne de devenir un exclu. C’est ce que révèle un sondage exclusif de l’IFOP[3] réalisé en décembre 2021 sur le rapport des Français à l’exclusion et à la pauvreté. Il révèle aussi que les Français pensent que les personnes les plus menacées par l’exclusion sont les travailleurs pauvres (48 %) et les seniors (41 %). 76 % pensent que la reprise économique ne permettra pas de supprimer la pauvreté et 13 % pensent l’inverse. 52 % estiment que la garantie à pour chacun de la satisfaction de ses besoins fondamentaux ne sera jamais atteinte mais 37 % estiment l’inverse.

Ce scepticisme peut aider à comprendre pourquoi, bien que 42 % des Français aient de la sympathie vis-à-vis des exclus, ils ne sont que 23 % à être prêts à les aider et pourquoi la méfiance (27 %) et l’indifférence (8 %) gagnent du terrain, respectivement +6 points et +5 points depuis 1993.

 

Si 14 % de personnes ont un niveau de vie inférieur à 1 080€/mois et sont considérées comme pauvres, 25 % qui disposent de moins de 1 500€ vivent dans la précarité. Beaucoup sont des chômeurs, des travailleurs précaires et pauvres, des jeunes, des familles monoparentales, des personnes à faible qualification, travaillant dans le secteur informel, des personnes issues de l’immigration. Ces profils peuvent se cumuler dans une économie qui s’appuie de plus en plus sur le travail précaire.

 

Les acteurs de la FAS ont établi une plateforme de propositions[4] pour 2022-2027 pour construire un avenir solidaire à travers une puissante mobilisation collective. Elle s’articule autour de trois grands thèmes :

– garantir l’accès aux biens essentiels et aux droits fondamentaux de tous et toutes

– investir durablement dans la solidarité

– établir un partenariat pour la solidarité avec les personnes et les territoires

 

De ces propositions, 10 chantiers principaux devraient être retenus et constituer un axe majeur du prochain quinquennat afin que l’investissement collectif dans la lutte contre la pauvreté s’inscrive dans la durée :

– un revenu minimum

– un droit à l’alimentation

– la reconnaissance et la valorisation du travail social

– la relance du logement social

– une politique pluriannuelle de l’hébergement

– un accès effectif aux soins

– l’intensification de la lutte contre le chômage de longue durée

– la mobilisation auprès de femmes en précarité

– l’accès au séjour et au travail des personnes étrangères qui y ont droit

– la territorialisation des politiques de solidarité sur la base d’un socle national de droits renforcés et pleinement effectifs et d’un partenariat loyal et équilibré de l’ensemble des acteurs

 

[1]Acte 1 du Congrès en visioconférence en raison de la situation sanitaire. L’Acte 2 se tiendra à Rennes à une date à définir autour de tables rondes, d’ateliers et du village des initiatives.

[2]Source : Site de la FAS et replay des interventions et des débats : voir  première journée et deuxième  journée  https://bit.ly/33aSbSy

[3]Les Français, l’exclusion et la pauvreté. Sondage IFOP pour la Fédération des acteurs de la solidarité et Ouest France  Décembre 2021  10 pages

[4]FAS Congrès national 2022  Construire un avenir solidaire Plateforme de propositions 2022-2027  20 pages