Le secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires- Julien Denormandie- avait semé la consternation en déclarant qu’à sa connaissance il n’y avait pas plus de 50 sans-abri n’ayant pu bénéficier d’hébergement d’urgence.

La ville de Paris a organisé avec l’aide de bénévoles et l’appui des associations caritatives un recensement citoyen des personnes à la rue dans la nuit du 15 au 16 février 2018.

Suite à un découpage de l’espace public pour balayer toutes les rues de la capitale, ce dénombrement a été effectué entre 22 heures et une heure du matin par des équipes de bénévoles accompagnés de professionnels. Il a été réalisé en respectant l’anonymat et le sommeil des sans-abri, et dans le respect des personnes.

Lors de leurs maraudes, les équipes d’enquête ont rencontré 2 025 personnes dormant dehors. Des équipes spécialisées de la Ville de Paris ont aussi compté les personnes sans domicile installées dans des tentes ou des baraques auto-construites, dont 189 personnes dans les bois de Boulogne et de Vincennes (qui font partie du territoire parisien), ainsi que dans le Parc de la Colline. A ces chiffres il faut ajouter les 200 SDF recensés par des agents SNCF dans les gares, 377 par les agents de la RATP dans les stations de métro, 49 par l’APHP aux urgences hospitalières. Enfin, dans les parkings parisiens gérés par Vinci, ses personnels ont recensé 112 personnes sans abri.

Ceci fait un total de 2 952 sans-abri dans les rues de Paris, sans compter les 672 personnes hébergées dans le cadre du plan grand froid et les 1 500 autres grâce au plan hiver.

Ce recensement est encore partiel (des lieux privés, des squats… n’ont pas été enquêtés) mais il permet d’avoir une première appréhension quantitative objective qui souligne l’ampleur du phénomène de personnes à la rue, la nécessité d’agir efficacement pour y faire face et de développer l’accès au logement, voire le maintien dans le logement pour d’autres.

Avant cette opération, on disposait des résultats de l’enquête sur les SDF réalisée en 2012 par l’INSEE auprès des personnes fréquentant les services d’hébergement ou des distributions de repas. Elle dénombrait, sur l’Ile de France, 28 800 personnes accompagnées de 6 250 enfants ayant passé la nuit précédant l’enquête, soit dans un lieu non prévu pour l’habitation, soit dans un service d’hébergement. Il s’agit là d’une définition beaucoup plus large que les personnes sans-abri dormant à la rue.

On peut aussi noter que de nombreux centres d’hébergements ont été ouverts depuis 2012 (ainsi que des places d’hôtels). Et que la population a probablement changé avec une composante étrangère non francophone importante.

Pour revenir en 2018, la fermeture des centres ouverts pour la période hivernale ou dans le cadre du plan grand froid est prévue fin mars : Les 1 500 personnes hébergées dans les uns et les 672 personnes accueillies dans les autres vont-elles également rejoindre la rue ?Ou ces places peuvent-elles être maintenues en aidant les intéressés à trouver une autre solution ?

Et la trêve hivernale sur les expulsions locatives qui s’achève aussi fin mars va aussi grossir ce flux. Rappelons qu’en 2015 (derniers chiffres connus) 9 226 assignations et 6 703 expulsions ont été prononcées sur Paris !

Au-delà de la ville de Paris, cette urgence sociale doit interpeller les pouvoirs publics, les élus, les associations. Et la mobilisation doit aussi concerner les autres départements franciliens, en particulier le nôtre.