Le Nouveau Programme de Rénovation Urbaine a inclus dans son champ la Cité-jardin de Châtenay-Malabry appelée La Butte Rouge. On ne peut que s’inquiéter pour son avenir quand on analyse les modalités de révision en cours du PLU de la ville.

C’est dans les années 20 que le Département de la Seine, face à l’urgence du relogement de populations entassées dans des habitations insalubres, se porte acquéreur de terrains agricoles et sylvicoles en lisière de la forêt de Verrières et sur le plateau de Malabry et qu’un concours d’urbanisme est lancé.

La Cité-jardin avec  ses 65 hectares, son plan d’ensemble épousant le relief, ses perspectives paysagères,  ses  percées  forestières,  ses  3 300  logements  et  ses  9 000  habitants,  était  un modèle :

•  d’urbanisme bioclimatique en lien direct avec la nature environnante,

•  de mixité sociale « depuis les ouvriers non qualifiés aux ingénieurs et techniciens appartenant aux états-majors industriels » comme le souhaitait Henri SELLIER*.

Si la nécessité de rénovation et d’amélioration des logements est admise par tous, elle ne doit pas vider la cité de ses habitants. Beaucoup souhaitent y rester et ceux qui sont pauvres et ils sont nombreux, où trouveront-ils à se loger ? Le taux de pauvreté y varie selon les secteurs entre 20 et 30 %.

La Mairie  de Châtenay-Malabry envisage une restructuration lourde avec une destruction ou une réhabilitation d’une grande majorité des logements et une densification avec l’ajout de 1 000 logements supplémentaires. Au travers de cette opération, elle entend réduire le nombre de logements sociaux à seulement 40 %, et répartir les 60 % autres entre 20 % en intermédiaire et 40 % pour la promotion immobilière.

C’est l’objet d’une modification du PLU qui est  actuellement soumise à consultation jusqu’au 10 janvier.

Ceci n’est pas sans soulever des questions.

Une première question porte sur la sauvegarde du caractère urbanistique de la Butte rouge qui serait altéré par une densification telle qu’elle est détaillée dans le projet de PLU, alors qu’une procédure pour classer ce site en site remarquable est lancée.

Une seconde porte sur le devenir de la population pauvre actuellement logée à la Butte rouge

majoritairement avec des loyers de type PLAI. La suppression d’environ 1 600 logements sociaux pose la question de leur reconstitution ailleurs sur la ville et des conditions de relogement de ces populations qui compte-tenu de leurs ressources ne peuvent être relogées que dans des logements PLAI à loyers très bas.

Or la ville a développé une politique immobilière offrant aux habitants des loyers chers inaccessibles aux ménages modestes. Par exemple sur le site de l’école centrale ce sont 2 200 logements qui vont être créés avec seulement 372 logements sociaux. Où et dans quelles conditions  les populations logées à la Butte pourront-elles être relogées ? Le PLUi proposé  par le Territoire Vallée-Sud ne comporte aucune mention sur les logements alors susceptibles d’accueillir ces populations dans d’autres communes.

Aussi l’argument de la mixité évoqué par la ville ne l’est qu’à sens unique : ne poser la question de la mixité que sur la Butte Rouge conduit à conforter l’éviction des populations pauvres de Châtenay-Malabry.