A l’invitation de Vivons Chaville Ensemble, l’OPML92 a participé fin octobre à la nouvelle émission radiophonique de Radio VCE, radio locale associative, intitulée Chaville à Échelle Humaine.

C’est une émission participative où le public est invité à poser des questions pendant et après les exposés sur le thème choisi. Cette émission avait pour thème la densification urbaine avec l’objectif de répondre aux exigences environnementales, sociales, urbaines dans le cadre d’une commune déjà bien densifiée mais dans laquelle la question du logement social est importante compte tenu du nombre de demandes de logements non satisfaites et d’immeubles considérés comme des « passoires thermiques ». Comment concilier toutes ces exigences ?

Pour tenter de répondre à cette question, Radio VCE avait invité trois « experts ».

Un géographe et chercheur, spécialiste des dynamiques urbaines (de Plateau Urbain) a introduit la table ronde par une présentation historique et synthétique sur le phénomène de densification. Pour le dire simplement, la densification est l’augmentation du nombre d’habitants par km² dans un espace donné. Elle s’oppose à l’étalement urbain et notamment à la périurbanisation qui s’est beaucoup développée des années 60 aux années 90 avec la « civilisation automobile ». C’est sur ce modèle qu’on revient actuellement pour répondre aux enjeux environnementaux particulièrement mais aussi aux enjeux sociaux et économiques et promouvoir la « ville du quart d’heure ». Mais la possibilité de densifier dépend de multiples facteurs, notamment la forme, les caractéristiques de l’organisation et le développement historique de la ville ou de son agglomération. La densification doit être pensée dans toutes ses dimensions. Il ne faut pas oublier que des bâtiments vides peuvent avoir une deuxième vie, que la densification ne peut pas se faire n’importe où (risques de pollution, ghettoïsation, etc) et qu’elle doit s’accompagner d’une politique de développement d’un réseau de transports en commun accessible et de qualité.

La 2ème intervenante, spécialiste des questions de logement et de politique de la ville (de l’OPML92) a centré son intervention sur le logement social qui à Chaville constitue le quart des résidences principales. Le parc social, loin d’être uniforme, varie en fonction de son ancienneté, sa situation géographique, son type de financement qui conditionnent son attractivité et ses niveaux de loyer. Le parc récent compte de belles réalisations, souvent en VEFA, ce qui le rend moins visible pour les riverains. Le parc le plus ancien concentre les niveaux de loyer les plus bas. A Chaville, les loyers (hors charges) vont de 6,16€/m² en PLAI à 9,69 en PLS, alors que dans le secteur privé ils sont de l’ordre de 22€/m² (charges comprises). Pour passer d’un secteur à l’autre, et pour un logement de 60m², le locataire chavillois aurait à verser 400 à 500€ de plus environ chaque mois.

Toute personne ou ménage français, ou étranger en situation régulière, peut faire une demande de logement social si ses revenus ne dépassent pas un certain plafond qui dépend de la composition familiale. A Chaville, sur les 5 dernières années, on compte en moyenne 900 demandeurs de logement social chaque année parmi lesquels 30 % n’ont pas de logement personnel, 32 % habitent un logement du secteur privé et 37 % un logement social. Parmi ces demandeurs,150 en moyenne par an se voient attribuer un logement, soit un délai théorique d’attente de 6 ans (contre 3,4 ans en 2015 mais 9,7 ans dans le 92 et dans l’ensemble de Grand Paris Seine Ouest). Les demandeurs prioritaires DALO, PDALHPD ou 1er quartile de revenus représentent un quart des demandeurs et près de 40 % des attributaires. Enfin, en ce qui concerne la loi SRU, Chaville est à la limite des 25 % avec une légère tendance à la baisse.

Pour répondre à la très forte demande de logement social, y compris celle de mutation à l’intérieur du parc, il faudrait construire beaucoup plus, notamment dans les zones en tension, et surtout des logements à prix abordables pour les ménages les plus modestes (sous les plafonds PLAI). Ces derniers représentent dans GPSO 56 % des demandeurs (et 8 % seulement relèvent des PLS) alors qu’entre 2003 et 2019 39,5 % de PLS mais 26,4 % seulement de PLAI ont été financés. En comparaison, et sur la même période, 31 % de logements en PLAI, 43 % en PLUS et 26 % en PLS ont été financés à Chaville .

Le PLUI de GPSO est en cours d’élaboration et il existe des dispositifs à y inscrire qui peuvent garantir la réalisation de logements sociaux.

 

Le 3ème intervenant, urbaniste et designer, spécialiste en cartographie sensible du territoire (du Collectif  TAMA, Tisseurs de mondes) est intervenu sur la tension entre densification urbaine et conscience écologique en rappelant en préambule que chaque année, l’artificialisation des sols équivaut à la surface d’un département français. La densité peut se calculer à plusieurs échelles : région, commune, îlot, elle peut être subie ou choisie et selon son âge, par exemple, on peut ou non aimer la densité. L’intervenant travaille sur la perception par les habitants de la représentation qu’ils ont de leur territoire : leurs lieux repères, patrimoniaux (comme les habitats ouvriers), ceux qu’ils aiment ou n’aiment pas (souvent les grands ensembles même si les répondants n’y habitent pas), etc. et la perception qu’ils ont de la densité. Cela permet de construire une cartographie sensible du territoire.

Il y a un enjeu de représentation sociale. Le rêve d’être propriétaire de son pavillon et de se déplacer avec sa voiture individuelle est encore très présent. Mais on peut construire différemment, maisons en bandes ou densifier par extension ou surélévation du pavillon. Pour mettre en oeuvre cette politique, parfois appelée Bimby (Build in my backyard) des communes mettent à disposition des propriétaires un architecte pour les accompagner dans leurs projets.

La covid a entraîné un départ des grandes métropoles vers les métropoles et villes moyennes dans lesquelles un développement économique existait déjà. Jusqu’où cela peut-il aller, faut-il repenser les grandes métropoles, leur taille est-elle devenue inhumaine, la densité a-t-elle quelque chose à voir avec le lien social, etc ? Autant de questions qui ont été posées à la fin de la table ronde. Le fait urbain est très ancré dans notre psyché et avons-nous encore la faculté de penser la ville autrement ?

 

L’émission est disponible sur toutes les plateformes de podcasts et fb, voici deux liens qui permettent de l’écouter :

https://www.facebook.com/1786615638260103/posts/pfbid02vrLhFQYhn865NDdL1i5QgS1MN31F27zUnLjvK9tGnRA6918LK2bkm17L6khS5qfql/

 

https://audioblog.arteradio.com/blog/181579/podcast/192400/chaville-a-echelle-humaine-1-la-densification-urbaine

L’OPML92 peut renouveler ce type d’intervention à la demande d’associations qui souhaiteraient approfondir les questions d’habitat et de marché immobilier, de logement social et d’hébergement, tant au niveau général qu’à une échelle locale, commune ou établissement public territorial.